Introduction n°1
Mais qu’est-ce que c’est que ce type ?
MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE TYPE qui, en 1912-1913 arrête son activité artistique mainstream, à vingt-cinq ans, à l’âge où tout artiste plongerait dans la mêlée, se saisirait de toutes les opportunités pour exposer et vendre, vivre de son travail ? Et qu’est-ce qui fait qu’ensuite il ne cesse de produire des objets d’art, hors du marché de l’art, en faisant croire qu’il ne produisait pas grand chose, jusqu’à ce que la plus grande partie de ses productions se retrouve, de son vivant, regroupée dans un des plus grands musées américain ?
Cette trajectoire, il faut l’interroger globalement, sans chercher à la tronçonner en autant de petites séquences plus facile à isoler qu’à regrouper logiquement. Car il y a une logique à ce parcours, — c’est en tout cas l’intuition qui me guide, comme d’autres commentateurs —, une logique voulue et maîtrisée — « de main de maître » — par Marcel Duchamp.
Une des grandes interrogations à laquelle j’essaye de répondre dans ces articles, c’est si cette logique est maîtrisée de bout en bout par MD. ou si elle est le fruit du hasard des circonstances, de l’opportunisme d’une longue vie remplie de rencontres multiples, d’un enchaînement de situations qui traversent le XXème siècle, évènements imprévisibles qui auraient échappées à Marcel Duchamp. La place du hasard dans le travail de Marcel Duchamp a été souvent citée de façon contradictoire — voir à contre-sens, jusqu’à nous faire penser qu’une partie de ses intentions n’étaient qu’en fait une succession d’aléas. Il n’en est rien.
Si Marcel Duchamp inclue — et c’est le premier artiste à le faire — le hasard comme un des ingrédients de la création artistique, inventant la présence du hasard comme un nouveau signe plastique, sa recherche créative est orientée vers la maîtrise du hasard. (voir « les 3 stoppages étalon »). Si quelqu’un a essayé, dans sa vie, de ne pas « laisser place au hasard », c’est bien Marcel Duchamp.
MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE TYPE qui provoque une déflagration trente ans après avoir allumé la mèche ? Qu’on en juge ! Marcel Duchamp a réussi à intégrer dans le processus de muséïfication des copies d’objets qui étaient venus eux-même se substituer aux œuvres d’arts classiques — dont la plus grande partie de la légitimité était issue de la reconnaissance d’un « savoir faire » et d’une forme de « sacralisation » issue de la religiosité tant il est vrai que dans l’inconscient social, toutes les images sont vues comme des « véronique ».*
MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE TYPE qui, en 1912-1913 arrête son activité artistique mainstream, à vingt-cinq ans, à l’âge où tout artiste plongerait dans la mêlée, se saisirait de toutes les opportunités pour exposer et vendre, vivre de son travail ? Et qu’est-ce qui fait qu’ensuite il ne cesse de produire des objets d’art, hors du marché de l’art, en faisant croire qu’il ne produisait pas grand chose, jusqu’à ce que la plus grande partie de ses productions se retrouve, de son vivant, regroupée dans un des plus grands musées américain ?
Cette trajectoire, il faut l’interroger globalement, sans chercher à la tronçonner en autant de petites séquences plus facile à isoler qu’à regrouper logiquement. Car il y a une logique à ce parcours, — c’est en tout cas l’intuition qui me guide, comme d’autres commentateurs —, une logique voulue et maîtrisée — « de main de maître » — par Marcel Duchamp.
Une des grandes interrogations à laquelle j’essaye de répondre dans ces articles, c’est si cette logique est maîtrisée de bout en bout par MD. ou si elle est le fruit du hasard des circonstances, de l’opportunisme d’une longue vie remplie de rencontres multiples, d’un enchaînement de situations qui traversent le XXème siècle, évènements imprévisibles qui auraient échappées à Marcel Duchamp. La place du hasard dans le travail de Marcel Duchamp a été souvent citée de façon contradictoire — voir à contre-sens, jusqu’à nous faire penser qu’une partie de ses intentions n’étaient qu’en fait une succession d’aléas. Il n’en est rien.
Si Marcel Duchamp inclue — et c’est le premier artiste à le faire — le hasard comme un des ingrédients de la création artistique, inventant la présence du hasard comme un nouveau signe plastique, sa recherche créative est orientée vers la maîtrise du hasard. (voir « les 3 stoppages étalon »). Si quelqu’un a essayé, dans sa vie, de ne pas « laisser place au hasard », c’est bien Marcel Duchamp.
MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE TYPE qui provoque une déflagration trente ans après avoir allumé la mèche ? Qu’on en juge ! Marcel Duchamp a réussi à intégrer dans le processus de muséïfication des copies d’objets qui étaient venus eux-même se substituer aux œuvres d’arts classiques — dont la plus grande partie de la légitimité était issue de la reconnaissance d’un « savoir faire » et d’une forme de « sacralisation » issue de la religiosité tant il est vrai que dans l’inconscient social, toutes les images sont vues comme des « véronique ».*
Véronique entre les Saints Pierre. Albrecht Dürer. Vers 1500. |
MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE TYPE qui œuvre avec une telle constance, qui utilise chaque évènement pour alimenter la démonstration de sa pensée ? MD. à la fois anticipe à long terme — il a quasiment théorisé la réhabilitation publique de ses productions dans un premier temps si peu montrées et connues — et à la fois été opportuniste — il fait le « coucou » dans les expositions surréalistes, il participe lui-même aux textes, articles revues qui parlent de lui, il utilise des « moments » de sa vie, amoureuse ou domestique, pour conforter cette démonstration.
* Devant l’image, Georges Didi Hubermann, les éditions de Minuit, 1990